Comme le ciment qui retient ensemble les briques d’un édifice, la communication soude ensemble tous les éléments humains qui forment aujourd’hui une société. C’est elle qui permet aux citoyens d’échanger les informations utilisées pour gérer leur société ; c’est une interface faite de sons, de mots, d’images et de données qui est placée de façon abstraite entre tous les citoyens et leurs mondes terrestre, technologique et d’idées. Les informations deviennent la matière première dans ce monde des idées, car ce sont elles qui dynamisent les activités humaines (chapitre 1, no 1) :
Monde-4-1
Durant l’ère industrielle, la communication de masse était un flot d’informations unidirectionnelles diffusées en même temps à tous les acteurs de la société :
nonvalide-a-4-1

Repères (communication de masse)
1883 Premières presses rotatives qui permettent de grands tirages
pour les journaux (Marinoni).
1910 Début de la radio (Compagnie Marconi)
1933 Le parti Nazi prends et consolide son pouvoir grâce à son contrôle des médias de masse (Joseph Goebbels). Voir le film Les Dieux du Stade de Leni Riefenstahl, 1936.
1938 Lundwig von Bertalanffy : la science générale des systèmes.
1944 La machine Hollywood produit une série de films glorifiants l’effort de guerre américain.
1945 Norbert Wiener : la cybernétique.
1947 Claude Shannon : la théorie mathématique de l’information.
1948 Harold Dwight Lasswell : Qui ? Dit quoi ? Par quel canal ?
1950 Wilbur Scramm : le processus de communication de masse.
1952 Bernard Berelson : les gateskeepers et l’opinion.
1954 Paul Lazarfeldt : la communication bi-étagée.
1967 Paul Watzlawick : la métacommunication.
1967 Edgar Morin et Abraham Moles : la culture de masse.

Aujourd’hui, la communication publique devient différente :

  • Ce n’est plus UN flot d’informations unidirectionnelles, mais divers flots de différents types d’informations qui circulent ;
  • ces informations circulent essentiellement sous la forme d’images-écrans interactives (sur téléviseurs, ordinateurs, mobiles) ;
  • le processus devient interactif : un citoyen peut intervenir autant en amont qu’en aval de ce flot :
    nonvalide-b-4-1
  • plusieurs de ces informations sont officielles, c’est-à-dire validées (par les autorités en place, etc.), tandis que d’autres sont non validées et certaines le sont plus ou moins. L’histoire nous renseigne abondamment sur la production des informations produites et diffusées sous la gouverne des autorités : des inscriptions monumentales aux pièces de théâtre, des bibles ornées jusqu’aux médias de masse actuels. Mais, on ne réalise guère que durant ce même temps les citoyens ont aussi produit des informations non validées, souvent satiriques ou politiques etc., se moquant des élites du temps :

Nivoo-4-1
Le succès de milliers d’années de mutations sociétales réside dans le fait qu’elles furent réalisées grâce à une communication qui utilisait le cerveau triunique des êtres humains (chapitre 4, no 6) ; un outil qui offrait une panoplie extraordinaire de choix  :
tablo-4-1
La raison du succès de l’espèce humaine, vue dans son ensemble, est la fluidité de son cerveau.

Un domaine en transition

Actuellement, nous basculons d’une société industrielle vers une société de la connaissance ; le système de communication que nous avons utilisé est en transition :
Transit-4-1

Un nouveau type de communication

Après l’ère des médias de masse (qui commence vers 1950) celle de la communication citoyenne débute maintenant. Cette nouvelle communication est un espace interactif qui se place dorénavant entre le monde réel toujours en évolution (voir le schéma ci-dessous) et le citoyen qui choisit d’intervenir dans cette évolution. Cette communication est différente pour trois raisons :

  • elle utilise le cyberespace,
  • elle est interactive ;
  • elle véhicule des images-écrans.

coomm-4-1
Cette nouvelle interface possède plusieurs côtés obscurs :

  • Si, durant l’ère industrielle le citoyen se servait d’informations validées pour donner un sens à ses actions, comment peut-il se fier maintenant à des informations qui ne sont plus validées ?
  • Non seulement elles ne sont plus validées, mais elles sont médiatisées et diffusées par des consortiums privés qui s’en servent d’abord pour augmenter leurs bénéfices corporatifs.
  • De plus, leurs accès se font via des algorithmes propriétaires qui n’offrent que certaines informations choisies par des calculs statistiques. Et de plus, à partir d’une plateforme qui fait présentement l’objet d’une guerre (la Data War) pour trouver l’écosystème qui deviendra unique sur la planète et qui voudra véhiculer une culture unique

Actuellement, notre société est bloquée parce que les outils de communication appartiennent à des entreprises privées qui diffusent publiquement des informations qui n’ont aucun sens. Complètement désorienter le citoyen perd confiance dans ses dirigeants et le désordre s’installe maintenant partout.

Devenus des analphabètes numériques, nos gouvernants, n’y comprennent rien. Pourtant plusieurs questions devraient être posées (voir le dernier chapitre).

Communication = évolution

La communication est donc le théâtre où se déroulent les grandes mutations qui ont marqué l’évolution de notre société tout au long de son histoire. Les citoyens utilisent ces informations pour s’adapter aux innombrables crises qui marquent leurs différents bonds historiques (chapitre 0, no 1).

Notre histoire est donc une sédimentation de toutes ces adaptations. En voici quelques-unes par ordre historique :
Sediment-4-1
Tignous-4

TV 2.0, un écosystème complètement nouveau

Il y a quelques décennies, on pensait que la télévision évoluait en devenant hybride technologiquement. L’année 2015 voit plutôt l’émergence d’un véritable écosystème de télédiffusion numérique grand public qui remplace le mot télévision par celui de télévision smart ou Computer mediated communication ou encore TV 2.0. Nous entrons dans l’ère Post-télé comme il y a trente ans nous entrions dans l’ère Post-PC. Cette transition a été causée par le développement successif de quatre types de plateformes technologiques :

1960- L’ordinateur ;
1995- Les réseaux ;
2005- Les appareils mobiles ;
2015- La télévision smart (ou TV 2.0).
Ses caractéristiques sont :

  • Ce n’est plus un système d’information, mais TV 2.0 devient un système d’intervention donc un système d’influence ;
  • il signale le début de la grande bataille (la Data War) entre les grands consortiums (Big Four – GAFA) qui veulent imposer leur propre système de communication commercial à toute la planète ;
  • il utilise une nouvelle génération d’intelligence artificielle (Deep Learning, ChatBot, etc.) pour obtenir plus rapidement des réponses ;
  • il utilise une plus grande largeur de bande, la 4G ;
  • il suscite l’apparition de nouvelles écritures médiatiques capables de rejoindre culturellement toutes les nouvelles clientèles.

Cet écosystème devient la base de la Net Economy :
Econo-4-1

Si la société industrielle fut une immense accumulation
de marchandises, la société postindustrielle pourrait
devenir une immense accumulation de spectacles.

Guy Debord, La société du Spectacle, 1967

Cette communication dématérialise les contenus et les services (voir le schéma ci-dessous), imposant à tous un nouveau modèle d’affaires aux anciens médias traditionnels, en développant un nouvel espace grâce à la convergence d’Internet avec la télévision et en offrant un forfait de contenus et de services à l’utilisateur :
Conver-4-1
C’est ainsi que beaucoup d’activités domestiques sont offertes par une même entreprise sous la forme d’une facture mensuelle : le Triple Play (services à la fois de télévision, d’informatique et de téléphonie : services de base numériques, location de largeur de bandes, prêt de modem, location de décodeur, services de base de télévision et de chaînes spécialisées, frais de réseau, appel d’urgence, services de renvois automatiques, d’affichage d’appel en attente, de mémorisation, etc.) (Voir TV 2.0, chapitre 5, no 6).

Les deux modèles de communication

Face aux mêmes publics d’utilisateurs, deux modèles de communication s’affrontent :

  • Le modèle néolibéral

    Ce modèle néolibéral est contrôlé par les grands consortiums (Big Four – GAFA) qui en tirent le maximum de profits au détriment des utilisateurs.

    Il a vu le jour (voir le schéma ci-dessous) avec l’implantation des médias traditionnels puis des premiers ordinateurs. Il est vite devenu un important espace public où les NTIC promettaient des profits commerciaux fabuleux grâce à la mondialisation d’Internet utilisant une communication top down (1995). Alors les petites entreprises informatiques ont exigé et obtenu des classes politiques diverses déréglementations, au point de réussir à prendre le pouvoir (2000) (chapitre 3, no 13). Aujourd’hui, ce sont elles qui mènent le monde, mais leur horizon commence à s’assombrir (voir les procès qui s’annoncent en Europe).

    Autrefois, la démocratie était « Une personne, une voix » ; maintenant, avec ce modèle, c’est « Un dollar, une voix ».

    Tant et si bien, qu’au point de vue de la communication, un citoyen devient un être amorphe et anonyme dont la seule activité encouragée est la consommation. Il est devenu réactif devant les forces de massification industrielles (chapitre 3, no 10).

  • Le modèle de proximité

    Ce modèle voit actuellement le jour partout à travers la planète en réaction aux inégalités créées par le modèle néolibéral (chapitre 6, no 15). Il cherche à développer un épanouissement individuel et collectif en offrant à ses utilisateurs une participation aux stratégies de développement qui utilisent une communication bottom-up. Ce modèle espère ramener l’État ou la ville à l’échelle humaine (chapitre 6, no 19)

    Les outils utilisés sont les médias alternatifs, une économie plus circulaire, la responsabilisation citoyenne et des stratégies de segmentation sociale (chapitre 3, no 10).

    Aujourd’hui, un citoyen qui a un ras-le-bol peut prendre la parole et devenir proactif grâce à cette politique de l’agir qui intervient toujours partir de la proximité de son territoire (chapitre 6, no 19).

De nouvelles forces en présence

La communication a complètement changé en à peine quelques décennies à cause des nouvelles forces qui se manifestent :

  • La quantité et la qualité des utilisateurs

    Aujourd’hui, plus de 23 % des citoyens de la planète utilisent l’Internet au moins une fois par jour :
    Demain 50 % ?
    Quantite-4-1

  • La personnalisation

    Plus le temps passe plus les systèmes de communication se personnalise, c’est-à-dire qu’il se rapproche culturellement de l’être humain. Il est de moins en moins question de puissance, d’espace mémoire ou de largeur de bandes et de plus en plus de la qualité du type d’interface utilisé (voir les projets BRAIN, chapitre 3 no 4) :

    Person-4-1

    Déjà à l’essai :

    • simplification des outils de navigation ;
    • moteurs de recherche plus performants (IA) ;
    • différents casques de différentes réalités virtuelles ;
    • logiciels automatisés de schématisation I
    • prédication orthographique ;
    • synthèses vocales ;
    • lecture d’empreintes digitales ;
    • synthèses gestuelles ou du touché (interfaces haptiques).
      Etc.

  • Le monde des applications

    Plus de 200 milliards d’applications sont offertes en ce moment :
    Demain ?
    applica-4-1

  • Un monde d’images

    Nous passons d’un monde où la réponse au Big data (le trop plein de données) sera le Visual Big data (la schématique) (chapitre 5, no 10) :

    Imag-4-1

    De plus, pour rejoindre le plus grand nombre possible de consommateurs de nouvelles écritures médiatiques sont à l’essai (chapitre 5, no 9).

  • L’interactivité grand public

    Nous quittons la linéarité de l’écrit (1440) puis celle du cinéma (1900) pour utiliser maintenant une TV 2.0 interactive (2015) qui encourage la participation du téléspectateur :

    Interac-4-1

  • L’évolution de la production des contenus

    On mesure mal la rapidité des mutations en cours. Il y à peine quelques décennies les parents s’inquiétaient de l’impact qu’avait télévision sur leurs enfants, puis quelques années plus tard, c’était à propos de l’influence grandissante des jeux vidéo, maintenant c’est au tour des smartphones et des tablettes de les inquiéter (Voir les écrits de Nicholas Carr, chapitre 7, no 4) :

    Contenu-4-1

  • L’évolution des supports mémoires

    L’évolution des supports mémoires est rapide ; signalons entre autre l’utilisation de disquettes et de cassettes afin de multiplier la vie des films :

    Memoir-4-1

Tout au long de l’histoire, la communication a donné au tissu social sa cohésion et lui a permis de prendre des décisions face aux différentes crises rencontrées. Or, durant ces dernières années, cette communication a considérablement changé :
Commu-4-1
Le schéma ci-haut révèle plusieurs choses :

  • comment se fait le passage de l’ère industrielle à l’ère postindustrielle ;
  • que l’année 2020 pourrait devenir une date butoir, les cinq crises nous poussant vers l’implosion (la 6e extinction ?) (chapitre 6, no 11) ;
  • que le manque de confiance est non seulement responsable des blocages politiques qui commencent a se manifester (COP21, Espace Schengen, Doha, BREXIT, Droit d’auteur, Développement durable, etc.) mais qu’il va remettre en cause la légitimité des pouvoirs en place, incapables de gouverner ;
  • que dans le futur, la communication va devenir de plus en plus visuelle, interactive et immersive (chapitre 5, no 9).

Les trois vagues technologiques

Parce que la communication règle le flot d’informations dont dépend la vie en société, c’est elle qui accélère nos mutations. Mais, parce que le système actuel de communication publique diffuse surtout des informations hors contexte ou non validées (rumeurs, mensonges, publicités, etc.), la confiance des gens s’effrite. Aussi, notre société devient de plus en plus bloquée à cause de toutes ces manipulations.

C’est le changement de communication qui est à l’origine des mutations en cours et non pas les crises économiques ou les emballements technologiques. C’est la communication qui modifie nos relations avec les pouvoirs socio-économiques (la e-gouvernance par exemple) ou économiques (le passage du pouvoir des promoteurs à ceux des clients), car cette communication favorise de nouvelles façons de penser :

commu-A-5-1

Exemple de 4 outils de collaboration qui modifient complètement l’équipe et l’espace de travail actuellement :    022

Lorsqu’on analyse le développement des supports médiatiques durant les derniers cent ans on distingue trois vagues technologiques (chapitre 3, no 2) :

commu-A-4

Une lecture plus approfondie révèle qu’en fait, les communications ont subi trois révolutions (dans le sens d’évolution accélérée) : l’une sociétale, l’autre économique et, enfin, une technologique. À un tel point que les communications deviennent maintenant le théâtre où se développe un Nouveau Monde :

commu-B-4

Ce Nouveau Monde est à la recherche d’un nouveau modèle sociétal (axé sur la participation citoyenne), d’un nouveau modèle économique (reposant sur la demande dans un contexte de proximité, chapitre 6, no 19) et d’un modèle technologique (axé sur l’accès aux services). C’est parce que la communication crée des liens entre les acteurs de la société qu’elle définit celle-ci.

Un nouveau type de communication

Ces outils créent un nouveau type de communication qui comporte un nouveau style (chapitre 5) et permet, pour la première fois de son histoire, au citoyen de prendre publiquement la parole et devenir le principal acteur du développement de son monde (chapitre 6). C’est l’interactivité citoyenne qui rend possible la société de la connaissance.

141
Citoyens B-4
Ci-dessous, les détails de ce passage révèlent que la nouvelle société sera plus « intelligente » (dans le sens de numérique, chapitre 4, no 8), plus interactive et plus immersive :
142

Comme le ciment qui retient ensemble les briques d’un édifice, la communication soude ensemble tous les éléments humains qui forment aujourd’hui une société. C’est elle qui permet aux citoyens d’échanger les informations utilisées pour gérer leur société ; c’est une interface faite de sons, de mots, d’images et de données qui est placée de façon abstraite entre tous les citoyens et leurs mondes terrestre, technologique et d’idées. Les informations deviennent la matière première dans ce monde des idées, car ce sont elles qui dynamisent les activités humaines (chapitre 1, no 1) :
Monde-4-1
Durant l’ère industrielle, la communication de masse était un flot d’informations unidirectionnelles diffusées en même temps à tous les acteurs de la société :
nonvalide-a-4-1

Repères (communication de masse)
1883 Premières presses rotatives qui permettent de grands tirages
pour les journaux (Marinoni).
1910 Début de la radio (Compagnie Marconi)
1933 Le parti Nazi prends et consolide son pouvoir grâce à son contrôle des médias de masse (Joseph Goebbels). Voir le film Les Dieux du Stade de Leni Riefenstahl, 1936.
1938 Lundwig von Bertalanffy : la science générale des systèmes.
1944 La machine Hollywood produit une série de films glorifiants l’effort de guerre américain.
1945 Norbert Wiener : la cybernétique.
1947 Claude Shannon : la théorie mathématique de l’information.
1948 Harold Dwight Lasswell : Qui ? Dit quoi ? Par quel canal ?
1950 Wilbur Scramm : le processus de communication de masse.
1952 Bernard Berelson : les gateskeepers et l’opinion.
1954 Paul Lazarfeldt : la communication bi-étagée.
1967 Paul Watzlawick : la métacommunication.
1967 Edgar Morin et Abraham Moles : la culture de masse.

Aujourd’hui, la communication publique devient différente :

  • Ce n’est plus UN flot d’informations unidirectionnelles, mais divers flots de différents types d’informations qui circulent ;
  • ces informations circulent essentiellement sous la forme d’images-écrans interactives (sur téléviseurs, ordinateurs, mobiles) ;
  • le processus devient interactif : un citoyen peut intervenir autant en amont qu’en aval de ce flot :
    nonvalide-b-4-1
  • plusieurs de ces informations sont officielles, c’est-à-dire validées (par les autorités en place, etc.), tandis que d’autres sont non validées et certaines le sont plus ou moins. L’histoire nous renseigne abondamment sur la production des informations produites et diffusées sous la gouverne des autorités : des inscriptions monumentales aux pièces de théâtre, des bibles ornées jusqu’aux médias de masse actuels. Mais, on ne réalise guère que durant ce même temps les citoyens ont aussi produit des informations non validées, souvent satiriques ou politiques etc., se moquant des élites du temps :

Nivoo-4-1
Le succès de milliers d’années de mutations sociétales réside dans le fait qu’elles furent réalisées grâce à une communication qui utilisait le cerveau triunique des êtres humains (chapitre 4, no 6) ; un outil qui offrait une panoplie extraordinaire de choix  :
tablo-4-1
La raison du succès de l’espèce humaine, vue dans son ensemble, est la fluidité de son cerveau.

Un domaine en transition

Actuellement, nous basculons d’une société industrielle vers une société de la connaissance ; le système de communication que nous avons utilisé est en transition :
Transit-4-1

Un nouveau type de communication

Après l’ère des médias de masse (qui commence vers 1950) celle de la communication citoyenne débute maintenant. Cette nouvelle communication est un espace interactif qui se place dorénavant entre le monde réel toujours en évolution (voir le schéma ci-dessous) et le citoyen qui choisit d’intervenir dans cette évolution. Cette communication est différente pour trois raisons :

  • elle utilise le cyberespace,
  • elle est interactive ;
  • elle véhicule des images-écrans.

coomm-4-1
Cette nouvelle interface possède plusieurs côtés obscurs :

  • Si, durant l’ère industrielle le citoyen se servait d’informations validées pour donner un sens à ses actions, comment peut-il se fier maintenant à des informations qui ne sont plus validées ?
  • Non seulement elles ne sont plus validées, mais elles sont médiatisées et diffusées par des consortiums privés qui s’en servent d’abord pour augmenter leurs bénéfices corporatifs.
  • De plus, leurs accès se font via des algorithmes propriétaires qui n’offrent que certaines informations choisies par des calculs statistiques. Et de plus, à partir d’une plateforme qui fait présentement l’objet d’une guerre (la Data War) pour trouver l’écosystème qui deviendra unique sur la planète et qui voudra véhiculer une culture unique

Actuellement, notre société est bloquée parce que les outils de communication appartiennent à des entreprises privées qui diffusent publiquement des informations qui n’ont aucun sens. Complètement désorienter le citoyen perd confiance dans ses dirigeants et le désordre s’installe maintenant partout.

Devenus des analphabètes numériques, nos gouvernants, n’y comprennent rien. Pourtant plusieurs questions devraient être posées (voir le dernier chapitre).

Communication = évolution

La communication est donc le théâtre où se déroulent les grandes mutations qui ont marqué l’évolution de notre société tout au long de son histoire. Les citoyens utilisent ces informations pour s’adapter aux innombrables crises qui marquent leurs différents bonds historiques (chapitre 0, no 1).

Notre histoire est donc une sédimentation de toutes ces adaptations. En voici quelques-unes par ordre historique :
Sediment-4-1
Tignous-4

TV 2.0, un écosystème complètement nouveau

Il y a quelques décennies, on pensait que la télévision évoluait en devenant hybride technologiquement. L’année 2015 voit plutôt l’émergence d’un véritable écosystème de télédiffusion numérique grand public qui remplace le mot télévision par celui de télévision smart ou Computer mediated communication ou encore TV 2.0. Nous entrons dans l’ère Post-télé comme il y a trente ans nous entrions dans l’ère Post-PC. Cette transition a été causée par le développement successif de quatre types de plateformes technologiques :

1960- L’ordinateur ;
1995- Les réseaux ;
2005- Les appareils mobiles ;
2015- La télévision smart (ou TV 2.0).
Ses caractéristiques sont :

  • Ce n’est plus un système d’information, mais TV 2.0 devient un système d’intervention donc un système d’influence ;
  • il signale le début de la grande bataille (la Data War) entre les grands consortiums (Big Four – GAFA) qui veulent imposer leur propre système de communication commercial à toute la planète ;
  • il utilise une nouvelle génération d’intelligence artificielle (Deep Learning, ChatBot, etc.) pour obtenir plus rapidement des réponses ;
  • il utilise une plus grande largeur de bande, la 4G ;
  • il suscite l’apparition de nouvelles écritures médiatiques capables de rejoindre culturellement toutes les nouvelles clientèles.

Cet écosystème devient la base de la Net Economy :
Econo-4-1

Si la société industrielle fut une immense accumulation
de marchandises, la société postindustrielle pourrait
devenir une immense accumulation de spectacles.

Guy Debord, La société du Spectacle, 1967

Cette communication dématérialise les contenus et les services (voir le schéma ci-dessous), imposant à tous un nouveau modèle d’affaires aux anciens médias traditionnels, en développant un nouvel espace grâce à la convergence d’Internet avec la télévision et en offrant un forfait de contenus et de services à l’utilisateur :
Conver-4-1
C’est ainsi que beaucoup d’activités domestiques sont offertes par une même entreprise sous la forme d’une facture mensuelle : le Triple Play (services à la fois de télévision, d’informatique et de téléphonie : services de base numériques, location de largeur de bandes, prêt de modem, location de décodeur, services de base de télévision et de chaînes spécialisées, frais de réseau, appel d’urgence, services de renvois automatiques, d’affichage d’appel en attente, de mémorisation, etc.) (Voir TV 2.0, chapitre 5, no 6).

Les deux modèles de communication

Face aux mêmes publics d’utilisateurs, deux modèles de communication s’affrontent :

  • Le modèle néolibéral

    Ce modèle néolibéral est contrôlé par les grands consortiums (Big Four – GAFA) qui en tirent le maximum de profits au détriment des utilisateurs.

    Il a vu le jour (voir le schéma ci-dessous) avec l’implantation des médias traditionnels puis des premiers ordinateurs. Il est vite devenu un important espace public où les NTIC promettaient des profits commerciaux fabuleux grâce à la mondialisation d’Internet utilisant une communication top down (1995). Alors les petites entreprises informatiques ont exigé et obtenu des classes politiques diverses déréglementations, au point de réussir à prendre le pouvoir (2000) (chapitre 3, no 13). Aujourd’hui, ce sont elles qui mènent le monde, mais leur horizon commence à s’assombrir (voir les procès qui s’annoncent en Europe).

    Autrefois, la démocratie était « Une personne, une voix » ; maintenant, avec ce modèle, c’est « Un dollar, une voix ».

    Tant et si bien, qu’au point de vue de la communication, un citoyen devient un être amorphe et anonyme dont la seule activité encouragée est la consommation. Il est devenu réactif devant les forces de massification industrielles (chapitre 3, no 10).

  • Le modèle de proximité

    Ce modèle voit actuellement le jour partout à travers la planète en réaction aux inégalités créées par le modèle néolibéral (chapitre 6, no 15). Il cherche à développer un épanouissement individuel et collectif en offrant à ses utilisateurs une participation aux stratégies de développement qui utilisent une communication bottom-up. Ce modèle espère ramener l’État ou la ville à l’échelle humaine (chapitre 6, no 19)

    Les outils utilisés sont les médias alternatifs, une économie plus circulaire, la responsabilisation citoyenne et des stratégies de segmentation sociale (chapitre 3, no 10).

    Aujourd’hui, un citoyen qui a un ras-le-bol peut prendre la parole et devenir proactif grâce à cette politique de l’agir qui intervient toujours partir de la proximité de son territoire (chapitre 6, no 19).

De nouvelles forces en présence

La communication a complètement changé en à peine quelques décennies à cause des nouvelles forces qui se manifestent :

  • La quantité et la qualité des utilisateurs

    Aujourd’hui, plus de 23 % des citoyens de la planète utilisent l’Internet au moins une fois par jour :
    Demain 50 % ?
    Quantite-4-1

  • La personnalisation

    Plus le temps passe plus les systèmes de communication se personnalise, c’est-à-dire qu’il se rapproche culturellement de l’être humain. Il est de moins en moins question de puissance, d’espace mémoire ou de largeur de bandes et de plus en plus de la qualité du type d’interface utilisé (voir les projets BRAIN, chapitre 3 no 4) :

    Person-4-1

    Déjà à l’essai :

    • simplification des outils de navigation ;
    • moteurs de recherche plus performants (IA) ;
    • différents casques de différentes réalités virtuelles ;
    • logiciels automatisés de schématisation I
    • prédication orthographique ;
    • synthèses vocales ;
    • lecture d’empreintes digitales ;
    • synthèses gestuelles ou du touché (interfaces haptiques).
      Etc.

  • Le monde des applications

    Plus de 200 milliards d’applications sont offertes en ce moment :
    Demain ?
    applica-4-1

  • Un monde d’images

    Nous passons d’un monde où la réponse au Big data (le trop plein de données) sera le Visual Big data (la schématique) (chapitre 5, no 10) :

    Imag-4-1

    De plus, pour rejoindre le plus grand nombre possible de consommateurs de nouvelles écritures médiatiques sont à l’essai (chapitre 5, no 9).

  • L’interactivité grand public

    Nous quittons la linéarité de l’écrit (1440) puis celle du cinéma (1900) pour utiliser maintenant une TV 2.0 interactive (2015) qui encourage la participation du téléspectateur :

    Interac-4-1

  • L’évolution de la production des contenus

    On mesure mal la rapidité des mutations en cours. Il y à peine quelques décennies les parents s’inquiétaient de l’impact qu’avait télévision sur leurs enfants, puis quelques années plus tard, c’était à propos de l’influence grandissante des jeux vidéo, maintenant c’est au tour des smartphones et des tablettes de les inquiéter (Voir les écrits de Nicholas Carr, chapitre 7, no 4) :

    Contenu-4-1

  • L’évolution des supports mémoires

    L’évolution des supports mémoires est rapide ; signalons entre autre l’utilisation de disquettes et de cassettes afin de multiplier la vie des films :

    Memoir-4-1

Tout au long de l’histoire, la communication a donné au tissu social sa cohésion et lui a permis de prendre des décisions face aux différentes crises rencontrées. Or, durant ces dernières années, cette communication a considérablement changé :
Commu-4-1
Le schéma ci-haut révèle plusieurs choses :

  • comment se fait le passage de l’ère industrielle à l’ère postindustrielle ;
  • que l’année 2020 pourrait devenir une date butoir, les cinq crises nous poussant vers l’implosion (la 6e extinction ?) (chapitre 6, no 11) ;
  • que le manque de confiance est non seulement responsable des blocages politiques qui commencent a se manifester (COP21, Espace Schengen, Doha, BREXIT, Droit d’auteur, Développement durable, etc.) mais qu’il va remettre en cause la légitimité des pouvoirs en place, incapables de gouverner ;
  • que dans le futur, la communication va devenir de plus en plus visuelle, interactive et immersive (chapitre 5, no 9).

Les trois vagues technologiques

Parce que la communication règle le flot d’informations dont dépend la vie en société, c’est elle qui accélère nos mutations. Mais, parce que le système actuel de communication publique diffuse surtout des informations hors contexte ou non validées (rumeurs, mensonges, publicités, etc.), la confiance des gens s’effrite. Aussi, notre société devient de plus en plus bloquée à cause de toutes ces manipulations.

C’est le changement de communication qui est à l’origine des mutations en cours et non pas les crises économiques ou les emballements technologiques. C’est la communication qui modifie nos relations avec les pouvoirs socio-économiques (la e-gouvernance par exemple) ou économiques (le passage du pouvoir des promoteurs à ceux des clients), car cette communication favorise de nouvelles façons de penser :

commu-A-5-1

Exemple de 4 outils de collaboration qui modifient complètement l’équipe et l’espace de travail actuellement :    022

Lorsqu’on analyse le développement des supports médiatiques durant les derniers cent ans on distingue trois vagues technologiques (chapitre 3, no 2) :

commu-A-4

Une lecture plus approfondie révèle qu’en fait, les communications ont subi trois révolutions (dans le sens d’évolution accélérée) : l’une sociétale, l’autre économique et, enfin, une technologique. À un tel point que les communications deviennent maintenant le théâtre où se développe un Nouveau Monde :

commu-B-4

Ce Nouveau Monde est à la recherche d’un nouveau modèle sociétal (axé sur la participation citoyenne), d’un nouveau modèle économique (reposant sur la demande dans un contexte de proximité, chapitre 6, no 19) et d’un modèle technologique (axé sur l’accès aux services). C’est parce que la communication crée des liens entre les acteurs de la société qu’elle définit celle-ci.

Un nouveau type de communication

Ces outils créent un nouveau type de communication qui comporte un nouveau style (chapitre 5) et permet, pour la première fois de son histoire, au citoyen de prendre publiquement la parole et devenir le principal acteur du développement de son monde (chapitre 6). C’est l’interactivité citoyenne qui rend possible la société de la connaissance.

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Citoyens B-4
Ci-dessous, les détails de ce passage révèlent que la nouvelle société sera plus « intelligente » (dans le sens de numérique, chapitre 4, no 8), plus interactive et plus immersive :
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