Tout comme l’être humain qui a évolué, tout au long de son histoire, grâce au développement de son cerveau triunique formé de trois formations successives (chapitre 4), la société évolue grâce à trois structures qui se sont développées, elles aussi, successivement : les structures politique, économique et médiatique. À chaque changement, la société a choisi de se développer à partir d’un vecteur qui a donné le ton à cette période.

251

La structure politique

Elle a comme vecteur le territoire. Elle a commencé à s’organiser il y a à peu près mille ans, soit depuis la fin du Moyen-Âge (schémas 10 et 11) et, depuis, les classes dirigeantes ont toujours régné à partir de leurs territoires.

Ses trois pouvoirs sont le législatif, l’exécutif et le judiciaire (schéma 19). Cette structure possède cinq leviers : les politiques monétaire, fiscale, commerciale, de services publics et de soutien du revenu. Elle repose sur le consentement de la population et cherche à s’appuyer sur les structures économique et médiatique. En théorie, la démocratie devrait être un système dans lequel les citoyens ont une emprise sur leur bien-être collectif.

Dans les faits, avec la transition en cours (depuis 2000-2010), la réalité du pouvoir a glissé vers les maîtres de la finance qui contrôlent tous les territoires via la mondialisation économique qu’ils ont réussi à imposer à toute la planète.

Actuellement, l’élite politique essaie de préserver ce système qui lui a accordé beaucoup de privilèges dans le passé. Elle ne propose que des solutions industrielles à des crises qui sont postindustrielles ; elle ne fait que proposer des demi-mesures pour donner l‘illusion qu’elle règle le problème. Elle ne dirige plus, elle ne fait qu’administrer son territoire, les yeux fixés sur ses sondages. La perception des nouveaux besoins est devenue tellement complexe qu’elle demande un niveau de préparation et d’expertise que ne possède plus la classe dirigeante actuelle.

La structure économique

Son vecteur est le capital. Elle s’est mise en place vers 1700, d’abord en Angleterre, puis dans le reste du monde industrialisé. Plusieurs innovations vont alors transformer une société qui était agraire et artisanale en une société industrielle et commerciale :

  • Première révolution industrielle (à partir de 1700) :
    la machine à vapeur (locomotives et bateaux à vapeur), éclairage au gaz puis à l’électricité, les métiers à tisser mécaniques (coton), le chronomètre de navire (pour développer les voies maritimes commerciales), etc.
  • Deuxième révolution industrielle (à partir de 1900) :
    les moteurs électriques (électrification des usines), les lampes à incandescence, le pétrole puis le plastique, l’automobile (la division du travail mise de l’avant par le taylorisme et le fordisme), etc.

Actuellement, cette structure possède cinq caractéristiques :

  • la propriété privée des leviers de production et d’investissement ;
  • l’appropriation privée des ressources naturelles, matérielles et informationnelles ;
  • la concurrence de la part des consortiums ;
  • l’asservissement de l’État au capital ;
  • l’asservissement de la culture de consommation grâce aux médias de masse.

Parce que cette mondialisation économique a rendu les frontières des structures politiques beaucoup trop poreuses, les grandes entreprises et les banques imposent désormais leurs décisions aux élites politiques. C’est en utilisant les médias de masse, qu’ils financent, que ces consortiums ont tenté d’imposer dans les esprits de tous les citoyens l’idée que le capitalisme était le seul modèle économique en mesure de diriger la planète et qu’ils étaient devenus trop importants pour faire faillite. Ils ont cependant connu leur Waterloo en 2008 et ont dû se faire dépanner par les classes politiques, donc avec l’argent des contribuables.

Aujourd’hui, ce n’est pas tant la structure de marché qu’il faut remplacer, mais une financiarisation qui fait coexister quatre économies : réelle, virtuelle, pirate et mafieuse (voir 8). On commence à peine à remettre en cause son modèle. Celui-ci repose sur le dogme de la primauté de l’individu, c’est pourquoi les médias de masse atomisent le tissu social en des millions de personnes isolées.

La structure médiatique

Son vecteur est l’information. Elle commence à s’organiser, il y a une quarantaine d’années, avec l’émergence d’Internet et du Web et, après une période de transition (2000-2010), la société industrielle bascule vers un autre type de société. Il y a rupture, même si la plupart des gens ne l’admettent pas.

Cette nouvelle structure est sociétale, elle prend forme autour de l’intégration des médias de masse (cinéma, radio puis télévision) avec les médias électroniques via le numérique.

Ce sera une société datacentrique.

(Pierre Lévy, 2013)

Depuis l’an 2000, cette structure se développe autour d’Internet 2, qui y ajoute les appareils mobiles (tablettes et téléphones intelligents, lecteurs à la Kindle). Cet Internet 2 n’est plus un réseau de réseaux informatiques, mais devient LA plateforme de communication pour tous les citoyens de la planète, c’est-à-dire un espace où va se négocier le pouvoir :

252

Pour la première fois de l’histoire, le citoyen peut s’exprimer publiquement dans un espace qui n’est pas contrôlé par le pouvoir politique ou l’économique. (chapitre 3).

Si Gutenberg a fait de nous des lecteurs et Xerox, des éditeurs, Internet va nous convertir en créateur de contenus, donc d’opinions.

Ces trois structures accusent aujourd’hui une fatigue ; comme les pièces d’un moteur usé, elles résistent mal à la grande vitesse où on les fait tourner.

Le modèle tripolaire

253

D’après Joseph E. Stiglitz Les trois piliers d’une stratégie de développement réussie sont l’État, les marchés et l’individu (c’est-à-dire les structures politique, économique et médiatique) (2010) :

254

Tandis que d’autres auteurs utilisent des mots différents pour décrire la même approche :

255

Les mutations

Cette nouvelle structure politico-économico-médiatique est le théâtre de nombreuses mutations :

Mutations des éléments de base servant au développement :

Structure politique : les droits des citoyens ;
Structure économique : les marchés ;
Structure médiatique : l’information.

Apparition de nouveaux outils capables de gérer les mutations :

Structure politique : la prise de parole citoyenne ;
Structure économique : un modèle de proximité ;
Structure médiatique : une place publique planétaire.

Les batailles qui commencent (schéma 2) :

Structure politique : la culture et la langue ;
Structure économique : les territoires et les marchés ;
Structure médiatique : la crédibilité des contenus.

Tout comme l’être humain qui a évolué, tout au long de son histoire, grâce au développement de son cerveau triunique formé de trois formations successives (chapitre 4), la société évolue grâce à trois structures qui se sont développées, elles aussi, successivement : les structures politique, économique et médiatique. À chaque changement, la société a choisi de se développer à partir d’un vecteur qui a donné le ton à cette période.

251

La structure politique

Elle a comme vecteur le territoire. Elle a commencé à s’organiser il y a à peu près mille ans, soit depuis la fin du Moyen-Âge (schémas 10 et 11) et, depuis, les classes dirigeantes ont toujours régné à partir de leurs territoires.

Ses trois pouvoirs sont le législatif, l’exécutif et le judiciaire (schéma 19). Cette structure possède cinq leviers : les politiques monétaire, fiscale, commerciale, de services publics et de soutien du revenu. Elle repose sur le consentement de la population et cherche à s’appuyer sur les structures économique et médiatique. En théorie, la démocratie devrait être un système dans lequel les citoyens ont une emprise sur leur bien-être collectif.

Dans les faits, avec la transition en cours (depuis 2000-2010), la réalité du pouvoir a glissé vers les maîtres de la finance qui contrôlent tous les territoires via la mondialisation économique qu’ils ont réussi à imposer à toute la planète.

Actuellement, l’élite politique essaie de préserver ce système qui lui a accordé beaucoup de privilèges dans le passé. Elle ne propose que des solutions industrielles à des crises qui sont postindustrielles ; elle ne fait que proposer des demi-mesures pour donner l‘illusion qu’elle règle le problème. Elle ne dirige plus, elle ne fait qu’administrer son territoire, les yeux fixés sur ses sondages. La perception des nouveaux besoins est devenue tellement complexe qu’elle demande un niveau de préparation et d’expertise que ne possède plus la classe dirigeante actuelle.

La structure économique

Son vecteur est le capital. Elle s’est mise en place vers 1700, d’abord en Angleterre, puis dans le reste du monde industrialisé. Plusieurs innovations vont alors transformer une société qui était agraire et artisanale en une société industrielle et commerciale :

  • Première révolution industrielle (à partir de 1700) :
    la machine à vapeur (locomotives et bateaux à vapeur), éclairage au gaz puis à l’électricité, les métiers à tisser mécaniques (coton), le chronomètre de navire (pour développer les voies maritimes commerciales), etc.
  • Deuxième révolution industrielle (à partir de 1900) :
    les moteurs électriques (électrification des usines), les lampes à incandescence, le pétrole puis le plastique, l’automobile (la division du travail mise de l’avant par le taylorisme et le fordisme), etc.

Actuellement, cette structure possède cinq caractéristiques :

  • la propriété privée des leviers de production et d’investissement ;
  • l’appropriation privée des ressources naturelles, matérielles et informationnelles ;
  • la concurrence de la part des consortiums ;
  • l’asservissement de l’État au capital ;
  • l’asservissement de la culture de consommation grâce aux médias de masse.

Parce que cette mondialisation économique a rendu les frontières des structures politiques beaucoup trop poreuses, les grandes entreprises et les banques imposent désormais leurs décisions aux élites politiques. C’est en utilisant les médias de masse, qu’ils financent, que ces consortiums ont tenté d’imposer dans les esprits de tous les citoyens l’idée que le capitalisme était le seul modèle économique en mesure de diriger la planète et qu’ils étaient devenus trop importants pour faire faillite. Ils ont cependant connu leur Waterloo en 2008 et ont dû se faire dépanner par les classes politiques, donc avec l’argent des contribuables.

Aujourd’hui, ce n’est pas tant la structure de marché qu’il faut remplacer, mais une financiarisation qui fait coexister quatre économies : réelle, virtuelle, pirate et mafieuse (voir 8). On commence à peine à remettre en cause son modèle. Celui-ci repose sur le dogme de la primauté de l’individu, c’est pourquoi les médias de masse atomisent le tissu social en des millions de personnes isolées.

La structure médiatique

Son vecteur est l’information. Elle commence à s’organiser, il y a une quarantaine d’années, avec l’émergence d’Internet et du Web et, après une période de transition (2000-2010), la société industrielle bascule vers un autre type de société. Il y a rupture, même si la plupart des gens ne l’admettent pas.

Cette nouvelle structure est sociétale, elle prend forme autour de l’intégration des médias de masse (cinéma, radio puis télévision) avec les médias électroniques via le numérique.

Ce sera une société datacentrique.

(Pierre Lévy, 2013)

Depuis l’an 2000, cette structure se développe autour d’Internet 2, qui y ajoute les appareils mobiles (tablettes et téléphones intelligents, lecteurs à la Kindle). Cet Internet 2 n’est plus un réseau de réseaux informatiques, mais devient LA plateforme de communication pour tous les citoyens de la planète, c’est-à-dire un espace où va se négocier le pouvoir :

252

Pour la première fois de l’histoire, le citoyen peut s’exprimer publiquement dans un espace qui n’est pas contrôlé par le pouvoir politique ou l’économique. (chapitre 3).

Si Gutenberg a fait de nous des lecteurs et Xerox, des éditeurs, Internet va nous convertir en créateur de contenus, donc d’opinions.

Ces trois structures accusent aujourd’hui une fatigue ; comme les pièces d’un moteur usé, elles résistent mal à la grande vitesse où on les fait tourner.

Le modèle tripolaire

253

D’après Joseph E. Stiglitz Les trois piliers d’une stratégie de développement réussie sont l’État, les marchés et l’individu (c’est-à-dire les structures politique, économique et médiatique) (2010) :

254

Tandis que d’autres auteurs utilisent des mots différents pour décrire la même approche :

255

Les mutations

Cette nouvelle structure politico-économico-médiatique est le théâtre de nombreuses mutations :

Mutations des éléments de base servant au développement :

Structure politique : les droits des citoyens ;
Structure économique : les marchés ;
Structure médiatique : l’information.

Apparition de nouveaux outils capables de gérer les mutations :

Structure politique : la prise de parole citoyenne ;
Structure économique : un modèle de proximité ;
Structure médiatique : une place publique planétaire.

Les batailles qui commencent (schéma 2) :

Structure politique : la culture et la langue ;
Structure économique : les territoires et les marchés ;
Structure médiatique : la crédibilité des contenus.