Récemment, le concept de ville « intelligente » est devenu un buzzword qu’emploient plusieurs grandes entreprises commerciales pour vendre leurs programmes d’infrastructures informatiques. Tout comme en 1980, où elles vendaient la nouvelle productivité que permettait alors la bureautique naissante ou, en 1995, les promesses de mondialisation commerciale du réseau Internet. Aujourd’hui, elles vendent l’optimisation et l’efficacité grâce à leur système d’information qui garantit l’homogénéité du système municipal, donc des gains de performance, à une condition : une gestion par le haut !

Tout le monde a peur du fonctionnaire idéal ?

330
Cette année, ce marché a représenté 654 milliards $ et on estime qu’en 2020, il atteindra 1,266 milliards $ (Rapport Smart Cities, 2014). Ce n’est donc pas une mode, mais un mouvement de fond qui devrait cependant être analysé dans le contexte plus global d’un Nouveau Monde en gestation.

Ses trois fonctions

  • Communication.
  • Géolocalisation.
  • Personnalisation.

Ses trois vecteurs sont

  • l’architecture des structures physiques (les réseaux) ;
  • l’architecture du data (les bases de données) ;
  • l’architecture interactive citoyenne (les acteurs du milieu).

331

Ses trois outils

  • Le Big data (surtout les données ouvertes).
  • Le Web.
  • Un réseau de haut débit.

Ce sont les activités citoyennes qui confèrent à une ville son âme, c’est-à-dire sa personnalité, car chaque ville dans le monde est différente. La ville devient plus intelligente collectivement au bout d’un long processus de mutations qui peut prendre de cinq à huit ans. En ce moment, à travers le monde, on ne fait que mettre en place des projets à court terme ; la technologie va encore une fois plus vite que le sociétal. Les villes intelligentes annoncées aujourd’hui ne sont souvent, en fait, que des villes témoins qui ne développent qu’une ou deux applications, c’est-à-dire des vitrines pour de grands consortiums qui les utilisent pour faire leur promotion.

Les trois mutations

  • Les structures.
  • Le data.
  • L’interaction.

332
Si on analyse l’évolution des TIC durant les quarante dernières années, on réalise qu’au début, il y a toujours une grande excitation (dans ce cas-ci, l’intégration des silos administratifs et l’impact important des TIC sur le budget annuel). Puis, on s’aperçoit plus tard qu’il y a des défis transversaux (on découvre, par exemple, le coût exorbitant du nouveau réseau et de son calendrier d’implantation). Plusieurs années plus tard, après la disparition du buzzword, on commence à poser les vraies questions (le citoyen comme partenaire du développement, l’information comme socle ou « building block » de la Cité et les coûts réels d’implantation). Il est alors trop tard, la ville devient prisonnière des contrats à long terme qu’elle a signés prématurément.

La planification technologique

L’objectif est de créer un réseau de réseaux interconnectés capable de bien gérer tous les silos municipaux :
08_Gerance
Par exemple, en ce qui a trait aux services, on utilise un système d’information géoréférencé (SIG) qui intègre les données des GPS, les codes postaux, ceux du dernier recensement, des photographies aériennes et des données matricielles :
334
Malheureusement, on ne tient pas toujours compte :

  • des coûts très élevés d’implantation et d’entretien, car une nouvelle génération technologique va apparaître tous les cinq ans (voir les nouvelles normes et standards de l’ISO et de l’ANSI) ;
  • de l’Internet 3, qui n’est pas encore prêt ; il faudrait analyser les défis actuels de l’implantation du iPv6 (afin de posséder suffisamment d’adresses IP) ;
  • à l’heure actuelle, 80 % des données recueillies ne sont pas structurées ; comment pourront-elles être utilisées dans le futur ? (chapitre 2, no 6)
  • on ne compare pas les coûts des systèmes informatiques propriétaires imposés par les entreprises avec ceux des systèmes ouverts ;
  • on oublie la formation des fonctionnaires municipaux bousculés par tant de changements culturels dans un milieu de travail qui se renouvellera administrativement tous les quatre ans (voir, notamment, les défis d’imputabilité) ;
  • de la littératie, c’est-à-dire de l’ensemble des connaissances, exigées de la part des citoyens-utilisateurs qui voudront participer en créant des centres de supports municipaux locaux, etc.

Voici un exemple de projet technologique de ville numérique :
335

La planification économique

L’objectif est de créer non pas un projet technologique, mais un business projet reposant sur une business intelligence qui cherche à optimiser ce qui existe par l’addition d’un pourcentage de réduction dans chaque domaine :
336
À ce niveau, on ne tient pas suffisamment compte :

  • des nombreux analphabètes (40 % ?) et défavorisés qui vivent dans la ville et qui ne participeront peut-être pas ?
  • des populations vieillissantes qui auront de nouveaux types de besoins encore non planifiés ;
  • des changements climatiques qu’on annonce et qui vont faire surgir de nouveaux types de catastrophes de plus en plus coûteuses, parce que non prévues ;
  • du fait que les nouveaux centres de traitements des données doublent leurs coûts en électricité à tous les 2 à 5 ans à cause, notamment, de leur climatisation (40 % des coûts d’énergie), etc.

Voici un modèle de planification économique utilisé aux États-Unis :  337

Une gouvernance « intelligente »

Plus subtile, mais plus proche de la vérité, est cette réflexion concernant la gouvernance : La grande division du 21e siècle n’est pas entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, ou dans les religions, mais entre les sociétés ouvertes et fermées (Hillary Clinton, 2012). Selon l’ancienne Secrétaire d’État américaine, l’avenir est au OpenGouv, à l’Open Economy, à l’Open Society, l’Open Source, etc.

Gouvernance fermée Gouvernance ouverte
Ville numérique ville intelligente
Intégration des TIC intégration des usages
On parle de connexion et diffusion on discute besoins et désirs
On cherche des valeurs économiques des valeurs sociales
Orientée vers la diffusion orientée vers la participation

L’un des modèles les plus complets vient d’un blogue universitaire, Information Strategy :
338

Récemment, le concept de ville « intelligente » est devenu un buzzword qu’emploient plusieurs grandes entreprises commerciales pour vendre leurs programmes d’infrastructures informatiques. Tout comme en 1980, où elles vendaient la nouvelle productivité que permettait alors la bureautique naissante ou, en 1995, les promesses de mondialisation commerciale du réseau Internet. Aujourd’hui, elles vendent l’optimisation et l’efficacité grâce à leur système d’information qui garantit l’homogénéité du système municipal, donc des gains de performance, à une condition : une gestion par le haut !

Tout le monde a peur du fonctionnaire idéal ?

330
Cette année, ce marché a représenté 654 milliards $ et on estime qu’en 2020, il atteindra 1,266 milliards $ (Rapport Smart Cities, 2014). Ce n’est donc pas une mode, mais un mouvement de fond qui devrait cependant être analysé dans le contexte plus global d’un Nouveau Monde en gestation.

Ses trois fonctions

  • Communication.
  • Géolocalisation.
  • Personnalisation.

Ses trois vecteurs sont

  • l’architecture des structures physiques (les réseaux) ;
  • l’architecture du data (les bases de données) ;
  • l’architecture interactive citoyenne (les acteurs du milieu).

331

Ses trois outils

  • Le Big data (surtout les données ouvertes).
  • Le Web.
  • Un réseau de haut débit.

Ce sont les activités citoyennes qui confèrent à une ville son âme, c’est-à-dire sa personnalité, car chaque ville dans le monde est différente. La ville devient plus intelligente collectivement au bout d’un long processus de mutations qui peut prendre de cinq à huit ans. En ce moment, à travers le monde, on ne fait que mettre en place des projets à court terme ; la technologie va encore une fois plus vite que le sociétal. Les villes intelligentes annoncées aujourd’hui ne sont souvent, en fait, que des villes témoins qui ne développent qu’une ou deux applications, c’est-à-dire des vitrines pour de grands consortiums qui les utilisent pour faire leur promotion.

Les trois mutations

  • Les structures.
  • Le data.
  • L’interaction.

332
Si on analyse l’évolution des TIC durant les quarante dernières années, on réalise qu’au début, il y a toujours une grande excitation (dans ce cas-ci, l’intégration des silos administratifs et l’impact important des TIC sur le budget annuel). Puis, on s’aperçoit plus tard qu’il y a des défis transversaux (on découvre, par exemple, le coût exorbitant du nouveau réseau et de son calendrier d’implantation). Plusieurs années plus tard, après la disparition du buzzword, on commence à poser les vraies questions (le citoyen comme partenaire du développement, l’information comme socle ou « building block » de la Cité et les coûts réels d’implantation). Il est alors trop tard, la ville devient prisonnière des contrats à long terme qu’elle a signés prématurément.

La planification technologique

L’objectif est de créer un réseau de réseaux interconnectés capable de bien gérer tous les silos municipaux :
08_Gerance
Par exemple, en ce qui a trait aux services, on utilise un système d’information géoréférencé (SIG) qui intègre les données des GPS, les codes postaux, ceux du dernier recensement, des photographies aériennes et des données matricielles :
334
Malheureusement, on ne tient pas toujours compte :

  • des coûts très élevés d’implantation et d’entretien, car une nouvelle génération technologique va apparaître tous les cinq ans (voir les nouvelles normes et standards de l’ISO et de l’ANSI) ;
  • de l’Internet 3, qui n’est pas encore prêt ; il faudrait analyser les défis actuels de l’implantation du iPv6 (afin de posséder suffisamment d’adresses IP) ;
  • à l’heure actuelle, 80 % des données recueillies ne sont pas structurées ; comment pourront-elles être utilisées dans le futur ? (chapitre 2, no 6)
  • on ne compare pas les coûts des systèmes informatiques propriétaires imposés par les entreprises avec ceux des systèmes ouverts ;
  • on oublie la formation des fonctionnaires municipaux bousculés par tant de changements culturels dans un milieu de travail qui se renouvellera administrativement tous les quatre ans (voir, notamment, les défis d’imputabilité) ;
  • de la littératie, c’est-à-dire de l’ensemble des connaissances, exigées de la part des citoyens-utilisateurs qui voudront participer en créant des centres de supports municipaux locaux, etc.

Voici un exemple de projet technologique de ville numérique :
335

La planification économique

L’objectif est de créer non pas un projet technologique, mais un business projet reposant sur une business intelligence qui cherche à optimiser ce qui existe par l’addition d’un pourcentage de réduction dans chaque domaine :
336
À ce niveau, on ne tient pas suffisamment compte :

  • des nombreux analphabètes (40 % ?) et défavorisés qui vivent dans la ville et qui ne participeront peut-être pas ?
  • des populations vieillissantes qui auront de nouveaux types de besoins encore non planifiés ;
  • des changements climatiques qu’on annonce et qui vont faire surgir de nouveaux types de catastrophes de plus en plus coûteuses, parce que non prévues ;
  • du fait que les nouveaux centres de traitements des données doublent leurs coûts en électricité à tous les 2 à 5 ans à cause, notamment, de leur climatisation (40 % des coûts d’énergie), etc.

Voici un modèle de planification économique utilisé aux États-Unis :  337

Une gouvernance « intelligente »

Plus subtile, mais plus proche de la vérité, est cette réflexion concernant la gouvernance : La grande division du 21e siècle n’est pas entre le Nord et le Sud, l’Est et l’Ouest, ou dans les religions, mais entre les sociétés ouvertes et fermées (Hillary Clinton, 2012). Selon l’ancienne Secrétaire d’État américaine, l’avenir est au OpenGouv, à l’Open Economy, à l’Open Society, l’Open Source, etc.

Gouvernance fermée Gouvernance ouverte
Ville numérique ville intelligente
Intégration des TIC intégration des usages
On parle de connexion et diffusion on discute besoins et désirs
On cherche des valeurs économiques des valeurs sociales
Orientée vers la diffusion orientée vers la participation

L’un des modèles les plus complets vient d’un blogue universitaire, Information Strategy :
338