En quelques décennies, le temps de lancer quelques satellites artificiels, d’envoyer un homme sur la lune puis de créer le GPS, l’être humain est devenu spatiodépendant. Après les premiers enjeux militaires liés à la guerre froide entre l’URSS et les États-Unis, la conquête de l’espace est devenue une économie de l’espace.

Cette course à la maîtrise de l’espace ressemble en tous points à celle des océans (la route des épices) lors des deux derniers siècles ou, avant, à celle de la route de la soie. La société découvre aujourd’hui qu’il existe des « ressources naturelles » qu’on devrait gérer collectivement  (tout comme l’eau, etc.) : par exemple, le spectre électromagnétique comprenant les orbites basses (LEO : 200-2000 km), les orbites moyennes (GEO : 2000-35000 km) et les orbites géostationnaires (MEO : 35780 km).

L’astromobile Curiosity est le robot le plus complexe jamais développé.  Depuis son atterrissage sur Mars, ses pérégrinations à la recherche de trace de vie ont permis des découvertes étonnantes (2 % d’eau dans le sol).  Ce projet, dirigé par le Jet Propulsion Laboratory, comprend une batterie nucléaire, des bras robotisés, 17 caméras, un spectromètre de plasma induit par laser (ChemCam de France) etc.  Il communique avec la Terre (500 millions de km qui exigent 14 min.) par l’intermédiaire d’un satellite relais en orbite autour de Mars :

Curiosit

L’espace sera toujours le ciel de la Terre (René-Jean Dupuy).

Repères
1930 Le précurseur : Constantin Tsiolkovski.
1945 Le pionnier : Wernher Von Braun.
1957 Le premier satellite : Spoutnik.
1961 Le premier homme dans l’espace : Gagarine.
1963 La déclaration des principes juridiques de l’espace (ONU).
1965 La privatisation des services par satellites : Intelsat,
suivit par Lansat (1972) et Eutelsat (1977).

1972 Le premier satellite d’observation de la Terre et le premier satellite
géosynchrone (Saliout, Skylab, Mir, etc.).
1990 Le télescope spatial Hubble (NASA), puis la sonde Magellan (Vénus),
la mission Cassini-Huygens (Titan, 2004) et les astromobiles, etc.
1998 La station spatiale internationale (ISS).
2000 La libéralisation commerciale des télécommunications.
2001 GBS et Beidon (Chine), Galiléo, Copernicus, etc.
2013 La première société privée de fusées (SpaceX).

L’espace joue un rôle prépondérant lors des manoeuvres militaires américaines (voir le Battlefield Internet). Voici comment les troupes tactiques spéciales des Seals utilisent un environnement intégrant à la fois des drones, des avions furtifs, des satellites (Inmarsat) et au sol, des camions et des rovers :

138

Les enjeux commerciaux

Aujourd’hui, il y a déjà plus de 1000 satellites opérationnels ; certains sont gros comme une auto, d’autres à peine plus gros qu’une main (Pocket Qube, Nanosats, Cube sats) ; ils suivent le même processus de miniaturisation que les robots. Ils ont trois grandes vocations : les télécommunications, la géolocalisation et l’observation.

Exemple
  • services de télécommunications pour 300 millions de foyers (relais téléphonique, télévisuel, de transactions bancaires et radio amateur, représentant 60 % des satellites opérationnels);
  • services de météorologie (surveillance des océans ou des changements climatiques) ;
  • services de géopositionnement et de navigation pour 2,2 milliards de smartphones et de tablettes (GPS, Google Earth), d’aide à la navigation aérienne, ferroviaire, maritime et routière ;
  • observatoire de télémétrie (géodésie) pour l’agriculture (mesure du vent ou de l’humidité pour les récoltes), pour la pêche maritime (DigitalGlobe, AstrumGeo) ;
  • télédétection : alertes précoces (plaques tectoniques, tsunami, etc.), détection des explosions nucléaires, programme Earth Science (observation de la Terre) ;
  • Opérations militaires (Guerres des Six Jours, celle du Kippour, de Bosnie ou de l’Irak) ;
  • Robotique : bras manipulable canadien, astromobile, etc. ;
  • Écoute électronique (renseignement, sécurité nationale, etc.) : écoute des téléphones portables, des messageries électroniques et des réseaux sociaux.

139

Après 2020 (?)

La planète sera probablement desservie par quatre grands systèmes mondiaux : américain, russe, chinois et européen. En préparation :

  • des petits satellites et des petits lanceurs permettant un accès à un territoire limité (pour un petit pays par exemple) ;
  • les drones-soleil en cas de catastrophes ;
  • l’emploi de micro-ondes à forte puissance ou de rayons laser pour aveugler un satellite (MFP) ;
  • le développement d’une plus grande résolution pour les caméras et d’une plus grande miniaturisation pour les smartphones et les tablettes ;
  • des constellations de CubeSat capables de filmer la Terre en permanence (état des récoltes, etc.) ;
  • des satellites tueurs de satellites (ASAT : Hit-to-kill) ;
  • le brouillage des liaisons ou la prise de contrôle d’un satellite (essais par Al-Quaida) ;
  • La création éventuelle d’une e-bomb.

Depuis 2011, les États-Unis confient maintenant la direction de leurs activités spatiales aux compagnies privées. L’espace est devenu « un business » ; la compétition est féroce entre Boeing, Sierra Nevada, SpaceX, etc., et les marchés apparaissent fabuleux : la prochaine navette, les lanceurs, les cargos, les simulateurs, le tourisme spatial (Virgi, l’objectif Mars, les sondes, etc.

Ci-dessous, le programme de Boeing, le Crew Space Transportation, développe la navette CST-100 (à la fois une navette, un lanceur et des stations de lancement). Ci-dessous, on voit une simulation de la navette se diriger vers la station ISS :
140

Les aspects sombres

La zone satellitaire de la Terre est maintenant complètement polluée par toutes sortes de débris à cause des 11 000 astéroïdes et des 700 000 débris déjà recensés dans l’espace. Voir le centre de tracking Jet Propulsion Lab et ses trois télescopes (Arizona, Nouveau Mexique et Hawaii).

Les États-Unis ont décidé de faire de l’espace un espace américain (voir le programme Space Dominance du président Bush, 2000). Ils dépensent, à eux seuls, plus du double du total de tous les autres budgets spatiaux réunis : 64 milliards $ en 2010. C’est leur High Frontier qui leur permettra de vendre leur Soft Power via leurs producteurs de contenus (films, spectacles et musique) et les applications GPS qui ne sont configurées, mondialement, qu’aux normes américaines.

Quelques-uns des satellites de la NASA qui étudient le système Terre :

En quelques décennies, le temps de lancer quelques satellites artificiels, d’envoyer un homme sur la lune puis de créer le GPS, l’être humain est devenu spatiodépendant. Après les premiers enjeux militaires liés à la guerre froide entre l’URSS et les États-Unis, la conquête de l’espace est devenue une économie de l’espace.

Cette course à la maîtrise de l’espace ressemble en tous points à celle des océans (la route des épices) lors des deux derniers siècles ou, avant, à celle de la route de la soie. La société découvre aujourd’hui qu’il existe des « ressources naturelles » qu’on devrait gérer collectivement  (tout comme l’eau, etc.) : par exemple, le spectre électromagnétique comprenant les orbites basses (LEO : 200-2000 km), les orbites moyennes (GEO : 2000-35000 km) et les orbites géostationnaires (MEO : 35780 km).

L’astromobile Curiosity est le robot le plus complexe jamais développé.  Depuis son atterrissage sur Mars, ses pérégrinations à la recherche de trace de vie ont permis des découvertes étonnantes (2 % d’eau dans le sol).  Ce projet, dirigé par le Jet Propulsion Laboratory, comprend une batterie nucléaire, des bras robotisés, 17 caméras, un spectromètre de plasma induit par laser (ChemCam de France) etc.  Il communique avec la Terre (500 millions de km qui exigent 14 min.) par l’intermédiaire d’un satellite relais en orbite autour de Mars :

Curiosit

L’espace sera toujours le ciel de la Terre (René-Jean Dupuy).

Repères
1930 Le précurseur : Constantin Tsiolkovski.
1945 Le pionnier : Wernher Von Braun.
1957 Le premier satellite : Spoutnik.
1961 Le premier homme dans l’espace : Gagarine.
1963 La déclaration des principes juridiques de l’espace (ONU).
1965 La privatisation des services par satellites : Intelsat,
suivit par Lansat (1972) et Eutelsat (1977).

1972 Le premier satellite d’observation de la Terre et le premier satellite
géosynchrone (Saliout, Skylab, Mir, etc.).
1990 Le télescope spatial Hubble (NASA), puis la sonde Magellan (Vénus),
la mission Cassini-Huygens (Titan, 2004) et les astromobiles, etc.
1998 La station spatiale internationale (ISS).
2000 La libéralisation commerciale des télécommunications.
2001 GBS et Beidon (Chine), Galiléo, Copernicus, etc.
2013 La première société privée de fusées (SpaceX).

L’espace joue un rôle prépondérant lors des manoeuvres militaires américaines (voir le Battlefield Internet). Voici comment les troupes tactiques spéciales des Seals utilisent un environnement intégrant à la fois des drones, des avions furtifs, des satellites (Inmarsat) et au sol, des camions et des rovers :

138

Les enjeux commerciaux

Aujourd’hui, il y a déjà plus de 1000 satellites opérationnels ; certains sont gros comme une auto, d’autres à peine plus gros qu’une main (Pocket Qube, Nanosats, Cube sats) ; ils suivent le même processus de miniaturisation que les robots. Ils ont trois grandes vocations : les télécommunications, la géolocalisation et l’observation.

Exemple
  • services de télécommunications pour 300 millions de foyers (relais téléphonique, télévisuel, de transactions bancaires et radio amateur, représentant 60 % des satellites opérationnels);
  • services de météorologie (surveillance des océans ou des changements climatiques) ;
  • services de géopositionnement et de navigation pour 2,2 milliards de smartphones et de tablettes (GPS, Google Earth), d’aide à la navigation aérienne, ferroviaire, maritime et routière ;
  • observatoire de télémétrie (géodésie) pour l’agriculture (mesure du vent ou de l’humidité pour les récoltes), pour la pêche maritime (DigitalGlobe, AstrumGeo) ;
  • télédétection : alertes précoces (plaques tectoniques, tsunami, etc.), détection des explosions nucléaires, programme Earth Science (observation de la Terre) ;
  • Opérations militaires (Guerres des Six Jours, celle du Kippour, de Bosnie ou de l’Irak) ;
  • Robotique : bras manipulable canadien, astromobile, etc. ;
  • Écoute électronique (renseignement, sécurité nationale, etc.) : écoute des téléphones portables, des messageries électroniques et des réseaux sociaux.

139

Après 2020 (?)

La planète sera probablement desservie par quatre grands systèmes mondiaux : américain, russe, chinois et européen. En préparation :

  • des petits satellites et des petits lanceurs permettant un accès à un territoire limité (pour un petit pays par exemple) ;
  • les drones-soleil en cas de catastrophes ;
  • l’emploi de micro-ondes à forte puissance ou de rayons laser pour aveugler un satellite (MFP) ;
  • le développement d’une plus grande résolution pour les caméras et d’une plus grande miniaturisation pour les smartphones et les tablettes ;
  • des constellations de CubeSat capables de filmer la Terre en permanence (état des récoltes, etc.) ;
  • des satellites tueurs de satellites (ASAT : Hit-to-kill) ;
  • le brouillage des liaisons ou la prise de contrôle d’un satellite (essais par Al-Quaida) ;
  • La création éventuelle d’une e-bomb.

Depuis 2011, les États-Unis confient maintenant la direction de leurs activités spatiales aux compagnies privées. L’espace est devenu « un business » ; la compétition est féroce entre Boeing, Sierra Nevada, SpaceX, etc., et les marchés apparaissent fabuleux : la prochaine navette, les lanceurs, les cargos, les simulateurs, le tourisme spatial (Virgi, l’objectif Mars, les sondes, etc.

Ci-dessous, le programme de Boeing, le Crew Space Transportation, développe la navette CST-100 (à la fois une navette, un lanceur et des stations de lancement). Ci-dessous, on voit une simulation de la navette se diriger vers la station ISS :
140

Les aspects sombres

La zone satellitaire de la Terre est maintenant complètement polluée par toutes sortes de débris à cause des 11 000 astéroïdes et des 700 000 débris déjà recensés dans l’espace. Voir le centre de tracking Jet Propulsion Lab et ses trois télescopes (Arizona, Nouveau Mexique et Hawaii).

Les États-Unis ont décidé de faire de l’espace un espace américain (voir le programme Space Dominance du président Bush, 2000). Ils dépensent, à eux seuls, plus du double du total de tous les autres budgets spatiaux réunis : 64 milliards $ en 2010. C’est leur High Frontier qui leur permettra de vendre leur Soft Power via leurs producteurs de contenus (films, spectacles et musique) et les applications GPS qui ne sont configurées, mondialement, qu’aux normes américaines.

Quelques-uns des satellites de la NASA qui étudient le système Terre :