À l’heure actuelle, il y a dans le monde 1,8 milliard de foyers, dont 1,4 sont équipés de téléviseurs. Les gens écoutent cette télévision trois heures par jour et, dans beaucoup de cas, le téléviseur sert même d’arrière-fond sonore, car il fait maintenant partie des meubles.

Baisse en Amérique du Nord

Si, durant les années 1960, 75 % de la population nord-américaine regardaient la télévision traditionnelle, le pourcentage n’est plus que de 18 % en 2007 (schéma du magazine Time) :
TV-A-5-1

Une smart TV

L’expression télévision ne correspond plus aujourd’hui à sa définition d’origine : une émission diffusée par des ondes hertziennes et regardée passivement par un très grand public : broadcasting = big show, big audiences and big money. Aujourd’hui, nous basculons dans un univers reposant plutôt sur la diffusion d’informations via trois types d’images-écrans : le téléviseur, l’ordinateur et le mobile.
TV-B-5-1
Jusqu’en 1979, le téléspectateur recevait un service de base, c’est-à-dire douze canaux généralistes et analogiques en noir et blanc. Aujourd’hui, l’appareil domestique est souvent devenu un cinéma-maison doté d’un grand écran plat connecté à un câble ou à une soucoupe satellite. Il est alimenté à la fois par les chaînes traditionnelles broadcast, les canaux spécialisés de type narrowcast, un système d’enregistrement de vidéos sur demande ou de lecture de DVD, un accès à Netflix ou HBO, par les chaînes de nouvelles en continu, par les caméras vidéo pointcast des téléphones intelligents. etc. Très souvent, l’écran du téléviseur est accompagné d’un deuxième écran qui permet de synchroniser l’expérience du téléspectateur en ligne, exigeant ainsi un plus grand degré d’attention du téléspectateur (les spécialistes américains parlent maintenant d’une Attention economy).

Pour les classes moyennes des pays émergents, cette image télévisuelle devient le modèle à imiter, d’où l’actuelle mondialisation des codes culturels américains. Cette mondialisation des codes culturels est devenue plus importante que celle des marchandises et des voyages. Le capitalisme a imposé son modèle individualiste de représentation par ces images regardées par les classes les plus riches partout sur la planète, images qui définissent finalement les modèles culturels suivis par l’ensemble de ces sociétés qui pensent qu’il s’agit du bon mode de vie à imiter. (Voir l’influence du Soft Power américain).

L’écran du téléviseur présente du réel (les nouvelles), de la fiction (des rêves filmés) et du divertissement (sports et téléréalités). Du vrai, du faux et du fun, comme le résume François Jost.
195

Repères sociétaux :
1963 Assasinat de John F. Kennedy : début de l’information en continu.
1968 Les images effroyables de l’offensive du Têt, lors de la guerre au Vietnam,
sont diffusées en direct dans tous les foyers américains et changent
la perception de cette guerre.
1969 Neil Armstrong débarque sur la lune : première grand-messe médiatique planétaire.
1989 Canaux d’information désormais en continu.
2001 Attentats de New York : premières images télévisuelles internationales
empruntées à Internet.
2001 Apparition du bandeau d’informations affichées en continu en bas de l’écran.
2012 Le parachutiste Félix Baumgertner en chute libre dans l’espace :
premières images télévisuelles empruntées à l’Internet via l’espace
Repères de la boîte à images :
1884 L’analyse d’images par lignes : le disque de Nipkow.
1892 Le tube cathodique de K. F. Brauss.
1907 Le bélinographe de Edouard Bélin.
1937 Le premier reportage en direct, par la BBC
1950 Le premier âge d’or : celui des pionniers.
1953 Le premier film en CinemaScope (The Robe).
1962 Les satellites de télécommunications Telstar I puis Intelsat.
1968 Le magnétoscope TiVo.
1970 L’offre domestique : 8 canaux.
1972 La chaîne de télévision payante HBO.
1980 Le deuxième âge d’or : la Quality TV (Twin Peaks, etc.)
Offre domestique : 35 canaux.

1985 Les clubs vidéo.
1990 Le cinéma-maison I.
1990 L’élargissement de la bande passante + html = streaming ;
vers une lecture de films en continue sur Internet.
1995 Les lecteurs DVD, puis Blu-Ray (Le client achète plutôt qu’il ne loue).
2000 Le troisième âge d’or : les catalogues à la Netflix ;
films en flux continu sur Internet et syndication.
L’offre domestique : 70 canaux

2000 Les séries télévisées (la Fiction TV) : Six Feet Under.
The Sopranos, Boardwalk Empire, Games of Thrones, etc.
2000 Le RSS et le Podcast ; souscription de contenus sur le Web.
2005 Le cinéma-maison II .
2007 Les smartphones et les tablettes (Android, iPod et iPad, Kindle).
2008 Le streaming via YouTube.
2012 Les grands écrans plats à cristaux liquides (Smart television).
2015 Une cyberattaque qui arrête la diffusion d’un réseau (TV5-Monde piraté par
l’État islamique).

Hybridation

La convergence médiatique d’Internet 2 est responsable d’une importante hybridation en cours :

  • beaucoup de contenus publics sont maintenant envoyés vers les téléphones et les tablettes smart, donc via les appareils mobiles ;
  • il y a dématérialisation des banques de films par numérisation, donc, éventuellement, une disparition des clubs vidéo et une probable diminution des spectateurs des salles de cinéma ;
  • une grande bataille commence, pour les lecteurs, entre la télévision et l’Internet, que la télévision semble gagner, à l’échelle de la planète, à l’heure actuelle en ce qui a trait aux images, mais c’est Internet qui l’emporte en regard de l’assiette publicitaire ;
  • on voit l’apparition d’un second écran, celui de l’ordinateur, placé à côté du téléviseur pour les activités multitâches ;
  • on encourage l’intervention des téléspectateurs par twivage en direct, durant une émission, afin de conserver le jeune public habitué au multitâche (vlog). Etc.
  • Les effets spéciaux :
(Avatar, de James Cameron, 2009)

(Avatar, de James Cameron, 2009)

L’actualité est un radotage obstiné sous l’apparence chatoyante d’un renouvellement continu.

(Alain Finkielkraut)

Un infospectacle mass médiatique

Durant les années 60, des études sérieuses prédisaient que ce flot d’images allait faire merveille dans le domaine de l’éducation ou de la démocratie ; maintenant, on sent que cela ressemble plutôt à une Prozac TV.

En fait, l’écran du téléviseur s’insère plutôt entre le téléspectateur et son monde. Ce flot est souvent une suite de Webséries et de téléréalités qui offrent surtout un rapport émotionnel entre l’être humain et sa société. Alors que la télévision aurait pu devenir une fenêtre sur le monde, elle devient un huis clos ne nous parlant que de télévision via une forme de peoplisation (le bling-bling).

197

On en vient à confondre le monde comme une immense accumulation de spectacles.

(Guy Debord)

La télévision 2.0 (2020 ?)

À l’avenir, le grand écran du téléviseur va probablement recentrer son flot d’images :

  • Sur ce qui se passe en temps réel grâce à l’apport important des nombreux snapparazis. Il offrira un système d’alerte : ce que vous devez savoir aujourd’hui dans les actualités.
  • Sur le rêve, grâce aux effets spéciaux de plus en plus nombreux. Ce qui inclut les grands événements sportifs en direct comme le soccer, le hockey ou les Jeux olympiques.
  • Sur la sur-demande, c’est-à-dire la fonction « copier » des contenus qui permet à l’usager de bâtir son propre horaire et d’accéder à ses rêves personnels.

Techniquement, l’hybridation va continuer avec l’arrivée de la 3D, de la télévision 4K, c’est-à-dire ultra HD, et grâce à l’utilisation de cet espace mémoire gigantesque qu’est le Cloud, etc. Déjà, en 2000, Napster avait secoué l’industrie en centralisant les téléchargements du cinéma et de la musique en ligne, mais les grands patrons du temps n’avaient rien compris. Qu’en est-il aujourd’hui?

Économiquement, les retombées seront importantes : cela représente déjà un total de 4 h 44 d’écoute par jour aux États-Unis, donc des sommes importantes qui modifient l’assiette publicitaire. Cette hybridation signifie de nouveaux usages qui vont se traduire par une plus grande diversité de l’offre, donc par une croissance de la facture personnelle du Triple Play (téléviseur + ordinateur + mobile).

TV20-C-5-1

Maintenant, de nouveaux consortiums internationaux de diffusion d’images-écrans apparaissent. Ils utilisent le multi plateforme en combinant les écrans de télévision, d’ordinateurs et de mobiles. C’est un nouveau écosystème qui est lui-même en transition car le prochains sera beaucoup plus orienté vers la 3D :

TV 2.0-55-1

Television : that’s the place movies goes when they die.

(Cérémonie des Oscars)

198

(BusinessWeek, 19 novembre 2007)

À l’heure actuelle, il y a dans le monde 1,8 milliard de foyers, dont 1,4 sont équipés de téléviseurs. Les gens écoutent cette télévision trois heures par jour et, dans beaucoup de cas, le téléviseur sert même d’arrière-fond sonore, car il fait maintenant partie des meubles.

Baisse en Amérique du Nord

Si, durant les années 1960, 75 % de la population nord-américaine regardaient la télévision traditionnelle, le pourcentage n’est plus que de 18 % en 2007 (schéma du magazine Time) :
TV-A-5-1

Une smart TV

L’expression télévision ne correspond plus aujourd’hui à sa définition d’origine : une émission diffusée par des ondes hertziennes et regardée passivement par un très grand public : broadcasting = big show, big audiences and big money. Aujourd’hui, nous basculons dans un univers reposant plutôt sur la diffusion d’informations via trois types d’images-écrans : le téléviseur, l’ordinateur et le mobile.
TV-B-5-1
Jusqu’en 1979, le téléspectateur recevait un service de base, c’est-à-dire douze canaux généralistes et analogiques en noir et blanc. Aujourd’hui, l’appareil domestique est souvent devenu un cinéma-maison doté d’un grand écran plat connecté à un câble ou à une soucoupe satellite. Il est alimenté à la fois par les chaînes traditionnelles broadcast, les canaux spécialisés de type narrowcast, un système d’enregistrement de vidéos sur demande ou de lecture de DVD, un accès à Netflix ou HBO, par les chaînes de nouvelles en continu, par les caméras vidéo pointcast des téléphones intelligents. etc. Très souvent, l’écran du téléviseur est accompagné d’un deuxième écran qui permet de synchroniser l’expérience du téléspectateur en ligne, exigeant ainsi un plus grand degré d’attention du téléspectateur (les spécialistes américains parlent maintenant d’une Attention economy).

Pour les classes moyennes des pays émergents, cette image télévisuelle devient le modèle à imiter, d’où l’actuelle mondialisation des codes culturels américains. Cette mondialisation des codes culturels est devenue plus importante que celle des marchandises et des voyages. Le capitalisme a imposé son modèle individualiste de représentation par ces images regardées par les classes les plus riches partout sur la planète, images qui définissent finalement les modèles culturels suivis par l’ensemble de ces sociétés qui pensent qu’il s’agit du bon mode de vie à imiter. (Voir l’influence du Soft Power américain).

L’écran du téléviseur présente du réel (les nouvelles), de la fiction (des rêves filmés) et du divertissement (sports et téléréalités). Du vrai, du faux et du fun, comme le résume François Jost.
195

Repères sociétaux :
1963 Assasinat de John F. Kennedy : début de l’information en continu.
1968 Les images effroyables de l’offensive du Têt, lors de la guerre au Vietnam,
sont diffusées en direct dans tous les foyers américains et changent
la perception de cette guerre.
1969 Neil Armstrong débarque sur la lune : première grand-messe médiatique planétaire.
1989 Canaux d’information désormais en continu.
2001 Attentats de New York : premières images télévisuelles internationales
empruntées à Internet.
2001 Apparition du bandeau d’informations affichées en continu en bas de l’écran.
2012 Le parachutiste Félix Baumgertner en chute libre dans l’espace :
premières images télévisuelles empruntées à l’Internet via l’espace
Repères de la boîte à images :
1884 L’analyse d’images par lignes : le disque de Nipkow.
1892 Le tube cathodique de K. F. Brauss.
1907 Le bélinographe de Edouard Bélin.
1937 Le premier reportage en direct, par la BBC
1950 Le premier âge d’or : celui des pionniers.
1953 Le premier film en CinemaScope (The Robe).
1962 Les satellites de télécommunications Telstar I puis Intelsat.
1968 Le magnétoscope TiVo.
1970 L’offre domestique : 8 canaux.
1972 La chaîne de télévision payante HBO.
1980 Le deuxième âge d’or : la Quality TV (Twin Peaks, etc.)
Offre domestique : 35 canaux.

1985 Les clubs vidéo.
1990 Le cinéma-maison I.
1990 L’élargissement de la bande passante + html = streaming ;
vers une lecture de films en continue sur Internet.
1995 Les lecteurs DVD, puis Blu-Ray (Le client achète plutôt qu’il ne loue).
2000 Le troisième âge d’or : les catalogues à la Netflix ;
films en flux continu sur Internet et syndication.
L’offre domestique : 70 canaux

2000 Les séries télévisées (la Fiction TV) : Six Feet Under.
The Sopranos, Boardwalk Empire, Games of Thrones, etc.
2000 Le RSS et le Podcast ; souscription de contenus sur le Web.
2005 Le cinéma-maison II .
2007 Les smartphones et les tablettes (Android, iPod et iPad, Kindle).
2008 Le streaming via YouTube.
2012 Les grands écrans plats à cristaux liquides (Smart television).
2015 Une cyberattaque qui arrête la diffusion d’un réseau (TV5-Monde piraté par
l’État islamique).

Hybridation

La convergence médiatique d’Internet 2 est responsable d’une importante hybridation en cours :

  • beaucoup de contenus publics sont maintenant envoyés vers les téléphones et les tablettes smart, donc via les appareils mobiles ;
  • il y a dématérialisation des banques de films par numérisation, donc, éventuellement, une disparition des clubs vidéo et une probable diminution des spectateurs des salles de cinéma ;
  • une grande bataille commence, pour les lecteurs, entre la télévision et l’Internet, que la télévision semble gagner, à l’échelle de la planète, à l’heure actuelle en ce qui a trait aux images, mais c’est Internet qui l’emporte en regard de l’assiette publicitaire ;
  • on voit l’apparition d’un second écran, celui de l’ordinateur, placé à côté du téléviseur pour les activités multitâches ;
  • on encourage l’intervention des téléspectateurs par twivage en direct, durant une émission, afin de conserver le jeune public habitué au multitâche (vlog). Etc.
  • Les effets spéciaux :
(Avatar, de James Cameron, 2009)

(Avatar, de James Cameron, 2009)

L’actualité est un radotage obstiné sous l’apparence chatoyante d’un renouvellement continu.

(Alain Finkielkraut)

Un infospectacle mass médiatique

Durant les années 60, des études sérieuses prédisaient que ce flot d’images allait faire merveille dans le domaine de l’éducation ou de la démocratie ; maintenant, on sent que cela ressemble plutôt à une Prozac TV.

En fait, l’écran du téléviseur s’insère plutôt entre le téléspectateur et son monde. Ce flot est souvent une suite de Webséries et de téléréalités qui offrent surtout un rapport émotionnel entre l’être humain et sa société. Alors que la télévision aurait pu devenir une fenêtre sur le monde, elle devient un huis clos ne nous parlant que de télévision via une forme de peoplisation (le bling-bling).

197

On en vient à confondre le monde comme une immense accumulation de spectacles.

(Guy Debord)

La télévision 2.0 (2020 ?)

À l’avenir, le grand écran du téléviseur va probablement recentrer son flot d’images :

  • Sur ce qui se passe en temps réel grâce à l’apport important des nombreux snapparazis. Il offrira un système d’alerte : ce que vous devez savoir aujourd’hui dans les actualités.
  • Sur le rêve, grâce aux effets spéciaux de plus en plus nombreux. Ce qui inclut les grands événements sportifs en direct comme le soccer, le hockey ou les Jeux olympiques.
  • Sur la sur-demande, c’est-à-dire la fonction « copier » des contenus qui permet à l’usager de bâtir son propre horaire et d’accéder à ses rêves personnels.

Techniquement, l’hybridation va continuer avec l’arrivée de la 3D, de la télévision 4K, c’est-à-dire ultra HD, et grâce à l’utilisation de cet espace mémoire gigantesque qu’est le Cloud, etc. Déjà, en 2000, Napster avait secoué l’industrie en centralisant les téléchargements du cinéma et de la musique en ligne, mais les grands patrons du temps n’avaient rien compris. Qu’en est-il aujourd’hui?

Économiquement, les retombées seront importantes : cela représente déjà un total de 4 h 44 d’écoute par jour aux États-Unis, donc des sommes importantes qui modifient l’assiette publicitaire. Cette hybridation signifie de nouveaux usages qui vont se traduire par une plus grande diversité de l’offre, donc par une croissance de la facture personnelle du Triple Play (téléviseur + ordinateur + mobile).

TV20-C-5-1

Maintenant, de nouveaux consortiums internationaux de diffusion d’images-écrans apparaissent. Ils utilisent le multi plateforme en combinant les écrans de télévision, d’ordinateurs et de mobiles. C’est un nouveau écosystème qui est lui-même en transition car le prochains sera beaucoup plus orienté vers la 3D :

TV 2.0-55-1

Television : that’s the place movies goes when they die.

(Cérémonie des Oscars)

198

(BusinessWeek, 19 novembre 2007)