Durant l’ère industrielle, surtout après la guerre de 39-45, s’est développé un American way of Life qui était un modèle de consumérisme à deux pôles : le consommateur et le producteur (schéma 25).

Cependant, avec la société de la connaissance, le citoyen préfère maintenant trouver des produits moins chers grâce à l’Internet, faire des achats regroupés et se débrouiller pour le reste. Ainsi, un modèle plus latéral commence-t-il à se développer : économie sociale, économie collaborative, Alternative economy, Collaborative economy, etc. Le mot d’ordre n’est pas tant de changer le monde, mais de changer plutôt le mode de vie :
Passer de l’avoir plus à l’être plus.

La croissance ne suffit pas. Il faut s’intéresser davantage au développement humain et social, aux libertés, à l’articulation entre développement et démocratie.

(La démocratie des autres, Armatya Sen).

On commence maintenant à organiser une économie de proximité centrée sur les besoins locaux (schéma 26). Cette économie de partage, ou shareconomy, veut remplacer les deux seuls outils proposés actuellement par les administrateurs industriels : le béton et le crédit. (Voir l’émergence de l’Inter-agence sur l’Économie Sociale et Solidaire à l’ONU, et la conférence UNRISD, 2013)

Une collectivisation

On parle d’une logique de frugalité dans des espaces de voisinage smart. Il ne s’agit plus de répartir l’abondance, mais d’organiser la sobriété (Hervé Kempf, Pour sauver la planète, sortez du capitalisme).

L’économie sociale et solidaire assume même souvent des missions de services publics que l’État n’a pas la capacité d’exercer. Le modèle a déjà inspiré plusieurs mouvements dans le monde :

  • le covoiturage (communauto) ;
  • la colocation d’appartement ;
  • le couchsurfing, qui réinvente les voyages touristiques ;
  • les achats groupés ;
  • les réseaux de crédit entre particuliers ;
  • le Civic crowdfunding ;
  • les résidences à consommation énergétique presque nulle ;
  • la bouffe solidaire : les cafés ou soupes en attente, les sandwiches suspendus (des gens achètent deux cafés, un pour eux et l’autre pour quelqu’un dans le besoin) ;
  • le prêt-à-donner : la cabane à dons (Givebox), les livres en libre service (Little Free Library), les étagères publiques dans le quartier (offrant des petits appareils électroménagers, des DVD, etc.) ;
  • le mouvement des makers qui fabriquent eux-mêmes leurs objets matériels, mouvement qui donne naissance aux fablabs ;
  • le microcrédit (voir l’expérience des banques de Muhammad Yunus) ;
  • dans le domaine des TI : l’Open source, le Creative Commons et les réseaux de télévision et de radio communautaires.

À cause de l’émergence des niches, ce modèle se développe grâce au changement de logique qui apparaît en raison du changement d’échelle.

Passer de l’économie linéaire à l’économie circulaire.

La nouvelle génération d’applications

Cette nouvelle génération de plateformes en ligne offre maintenant des services à la demande, c’est-à-dire à la carte. Ces applications mobiles fonctionnent en combinant Internet avec le GPS et PayPal. Elle se développe grâce à la rencontre de plusieurs vecteurs :

  • le mobile et sa géolocalisation ;
  • la proximité qu’offrent les villes ;
  • le P2P (le courant de personnalisation).

Elle offre plusieurs aspects positifs :

  • elle offre plus de choix ;
  • elle offre des prix plus compétitifs ;
  • elle offre un meilleur accès parce qu’en ligne et mobile ;
  • elle crée de nouveaux start-ups ;
  • elle crée de nouvelles ressources personnelles. etc.

Mais elle connait aussi certains aspects négatifs :

  • le non-respect de certaines règles locales ;
  • l’absence de régulation.

Proxi-6-1

Voici quelques applications actuellement en développement :

  • Location de sites de vacances : Airbnb, HomeAway, Windu, etc.
  • Cuisine maison : EatWith, Feastly, etc.
  • Travaux personnels : Zaarly, TaskRabbit, etc.
  • Échanges avec les voisins : Peerby, Verdle, etc.
  • Prêts personnels : Lending Club, Jimubox, Prosper, etc.
  • Services de taxi : Uber, Blablacar, Lyft, Sidecar, Hallo, etc.
  • Vêtements : Twice, Vinted, Tradesy, etc.
  • Stationnement : Parking Panda, Spot Hero, ParkWhiz, Pango, etc.
  • Panneaux solaires : SolarCity, etc.

Les entreprises d’économie collaborative (Jeremy Owyang, 2014) :   022

Changer le monde par le bas.

(Bénédicte Manier, un million de révolutions tranquilles)

289
Schéma 26 : le modèle économique de proximité (« shareconomy »)

  • La vie d’un citoyen se déroule presque entièrement à l’échelle locale, c’est-à-dire dans des espaces privés et personnels (c’est-à-dire dans des villages, des quartiers et des villes smart), grâce à des activités de proximité utilisant le sur-mesure, la valeur ajoutée, la géolocalisation et les réseaux sociaux.
  • En retour, cette proximité exige du citoyen une responsabilisation vis-à-vis de son milieu proche. Elle se réalise via un processus de collectivisation qui cherche à rétablir le sens de la communauté dans la société.
  • Son but : mieux répartir les ressources et les pouvoirs.

L’économie de l’information numérique en réseau doit reposer sur un système de production, de distribution et de consommation de biens informationnels caractérisé par l’action décentralisée et portée par des outils non marchands et largement distribués, indépendants des stratégies commerciales.

(Yochaï Benkler, The Wealth of Network, 2006)

Deux défis empêchent actuellement ce modèle de prospérer : la difficulté de mettre autour d’une même table à la fois l’État, les secteurs associatifs et les collectivités territoriales. L’autre défi : offrir partout un réseau multi plateforme à large bande sur tout le territoire et qui soit capable d’assurer les communications et d’éviter les fractures sociales.

Ses passages

Modèle néolibéral Modèle de proximité
Entreprises briques Entreprises briques & clics
Besoins mondiaux Besoins locaux
Centré sur la vente des produits Centré sur l’échange des données
Circulation des capitaux Nord-Sud Circulation Est-Ouest
G7 G20 (G8 + BRICS)
Sensibilité aux coûts Sensibilité à la valeur ajoutée
Mondialisation de la production Approche solidaire et écologique

Cette pratique de mettre des services en commun ne fait pas que des heureux. Déjà, des chauffeurs de taxi protestent contre Lyft, SideCar, UberX, RelayRides, BlaBlaCar et des hôteliers contre Airbnb en raison de l’absence de taxe, d’assurance, etc.

Durant l’ère industrielle, surtout après la guerre de 39-45, s’est développé un American way of Life qui était un modèle de consumérisme à deux pôles : le consommateur et le producteur (schéma 25).

Cependant, avec la société de la connaissance, le citoyen préfère maintenant trouver des produits moins chers grâce à l’Internet, faire des achats regroupés et se débrouiller pour le reste. Ainsi, un modèle plus latéral commence-t-il à se développer : économie sociale, économie collaborative, Alternative economy, Collaborative economy, etc. Le mot d’ordre n’est pas tant de changer le monde, mais de changer plutôt le mode de vie :
Passer de l’avoir plus à l’être plus.

La croissance ne suffit pas. Il faut s’intéresser davantage au développement humain et social, aux libertés, à l’articulation entre développement et démocratie.

(La démocratie des autres, Armatya Sen).

On commence maintenant à organiser une économie de proximité centrée sur les besoins locaux (schéma 26). Cette économie de partage, ou shareconomy, veut remplacer les deux seuls outils proposés actuellement par les administrateurs industriels : le béton et le crédit. (Voir l’émergence de l’Inter-agence sur l’Économie Sociale et Solidaire à l’ONU, et la conférence UNRISD, 2013)

Une collectivisation

On parle d’une logique de frugalité dans des espaces de voisinage smart. Il ne s’agit plus de répartir l’abondance, mais d’organiser la sobriété (Hervé Kempf, Pour sauver la planète, sortez du capitalisme).

L’économie sociale et solidaire assume même souvent des missions de services publics que l’État n’a pas la capacité d’exercer. Le modèle a déjà inspiré plusieurs mouvements dans le monde :

  • le covoiturage (communauto) ;
  • la colocation d’appartement ;
  • le couchsurfing, qui réinvente les voyages touristiques ;
  • les achats groupés ;
  • les réseaux de crédit entre particuliers ;
  • le Civic crowdfunding ;
  • les résidences à consommation énergétique presque nulle ;
  • la bouffe solidaire : les cafés ou soupes en attente, les sandwiches suspendus (des gens achètent deux cafés, un pour eux et l’autre pour quelqu’un dans le besoin) ;
  • le prêt-à-donner : la cabane à dons (Givebox), les livres en libre service (Little Free Library), les étagères publiques dans le quartier (offrant des petits appareils électroménagers, des DVD, etc.) ;
  • le mouvement des makers qui fabriquent eux-mêmes leurs objets matériels, mouvement qui donne naissance aux fablabs ;
  • le microcrédit (voir l’expérience des banques de Muhammad Yunus) ;
  • dans le domaine des TI : l’Open source, le Creative Commons et les réseaux de télévision et de radio communautaires.

À cause de l’émergence des niches, ce modèle se développe grâce au changement de logique qui apparaît en raison du changement d’échelle.

Passer de l’économie linéaire à l’économie circulaire.

La nouvelle génération d’applications

Cette nouvelle génération de plateformes en ligne offre maintenant des services à la demande, c’est-à-dire à la carte. Ces applications mobiles fonctionnent en combinant Internet avec le GPS et PayPal. Elle se développe grâce à la rencontre de plusieurs vecteurs :

  • le mobile et sa géolocalisation ;
  • la proximité qu’offrent les villes ;
  • le P2P (le courant de personnalisation).

Elle offre plusieurs aspects positifs :

  • elle offre plus de choix ;
  • elle offre des prix plus compétitifs ;
  • elle offre un meilleur accès parce qu’en ligne et mobile ;
  • elle crée de nouveaux start-ups ;
  • elle crée de nouvelles ressources personnelles. etc.

Mais elle connait aussi certains aspects négatifs :

  • le non-respect de certaines règles locales ;
  • l’absence de régulation.

Proxi-6-1

Voici quelques applications actuellement en développement :

  • Location de sites de vacances : Airbnb, HomeAway, Windu, etc.
  • Cuisine maison : EatWith, Feastly, etc.
  • Travaux personnels : Zaarly, TaskRabbit, etc.
  • Échanges avec les voisins : Peerby, Verdle, etc.
  • Prêts personnels : Lending Club, Jimubox, Prosper, etc.
  • Services de taxi : Uber, Blablacar, Lyft, Sidecar, Hallo, etc.
  • Vêtements : Twice, Vinted, Tradesy, etc.
  • Stationnement : Parking Panda, Spot Hero, ParkWhiz, Pango, etc.
  • Panneaux solaires : SolarCity, etc.

Les entreprises d’économie collaborative (Jeremy Owyang, 2014) :   022

Changer le monde par le bas.

(Bénédicte Manier, un million de révolutions tranquilles)

289
Schéma 26 : le modèle économique de proximité (« shareconomy »)

  • La vie d’un citoyen se déroule presque entièrement à l’échelle locale, c’est-à-dire dans des espaces privés et personnels (c’est-à-dire dans des villages, des quartiers et des villes smart), grâce à des activités de proximité utilisant le sur-mesure, la valeur ajoutée, la géolocalisation et les réseaux sociaux.
  • En retour, cette proximité exige du citoyen une responsabilisation vis-à-vis de son milieu proche. Elle se réalise via un processus de collectivisation qui cherche à rétablir le sens de la communauté dans la société.
  • Son but : mieux répartir les ressources et les pouvoirs.

L’économie de l’information numérique en réseau doit reposer sur un système de production, de distribution et de consommation de biens informationnels caractérisé par l’action décentralisée et portée par des outils non marchands et largement distribués, indépendants des stratégies commerciales.

(Yochaï Benkler, The Wealth of Network, 2006)

Deux défis empêchent actuellement ce modèle de prospérer : la difficulté de mettre autour d’une même table à la fois l’État, les secteurs associatifs et les collectivités territoriales. L’autre défi : offrir partout un réseau multi plateforme à large bande sur tout le territoire et qui soit capable d’assurer les communications et d’éviter les fractures sociales.

Ses passages

Modèle néolibéral Modèle de proximité
Entreprises briques Entreprises briques & clics
Besoins mondiaux Besoins locaux
Centré sur la vente des produits Centré sur l’échange des données
Circulation des capitaux Nord-Sud Circulation Est-Ouest
G7 G20 (G8 + BRICS)
Sensibilité aux coûts Sensibilité à la valeur ajoutée
Mondialisation de la production Approche solidaire et écologique

Cette pratique de mettre des services en commun ne fait pas que des heureux. Déjà, des chauffeurs de taxi protestent contre Lyft, SideCar, UberX, RelayRides, BlaBlaCar et des hôteliers contre Airbnb en raison de l’absence de taxe, d’assurance, etc.